Les demeures sont : la littérature, la politique, la peinture, la guerre, les droits de l'homme...

"Je touche à tout parce que tout se tient" Claude Roy

samedi 10 décembre 2011

Pierre Dumayet

Pierre Dumayet en 1986 par Jean Leclercq



Petit hommage à Pierre Dumayet  mort le 17 novembre 2011 :
Lire ici
Ecouter ici (merci à Thomas Baumgartner)

Helème Parmelin avait été invitée à Lectures pour tous :
Le 28/08/1956 pour Les Mystères de Moscou
Le 26/06/1957 pour Léonard dans l'autre monde
Le 18/11/1959 pour Picasso sur la place

vendredi 9 décembre 2011

La manière noire 2 : la manifestation

De Gaulle en Turquie 27 oct 1968 par Gilles Caron
  



Les manifestations du 24 mai 1968 sont absentes des romans. Hélène Parmelin fait exception, qui consacre au contraire 50 pages au défilé qui part de la gare de Lyon. Le groupe d'intellectuels qu'elle décrit est ce jour là "en rupture de ban avec le Parti Communiste qui manifeste par ailleurs avec la CGT" (p. 218).
Les chercheurs, artistes ou écrivains de La Manière noire sont essentiellement confrontés à ce drame d'une action qui devrait mais ne peut réunir intellectuels et classe ouvrière.
"Parce que mai, c'était aussi ça : cette espèce d'appel au monde. C'était aussi ces marches on ne savait vers quoi. C'était cette façon de se sortir de soi-même. De participer coûte que coûte. Cette recherche maladroite, orgueilleuse, imprécise de la liberté. Ce goût de faire craquer les systèmes. Cette aspiration à renverser. Surtout cette volonté de vivre d'une vie autre. Quoi qu'il arrive, personne ne pourra jamais enlever à mai cette force de lame de fond à soulever la mer entière dans le dégoût de ce qui est. Et même si presque tout devait tourner en eau de boudin. Mais pas l'essentiel. Tout était sentiment. Courage, impulsion. Folie. C'était un climat révolutionnaire. Ce n'était pas et de loin une révolution. La preuve."
 (p. 274-275)


jeudi 8 décembre 2011

La Manière noire 1

El colosso, Goya

La manière noire est un procédé de gravure. Le graveur pointille l'ensemble de sa planche, retravaille les parties appelées à devenir claire. Sans cette opération, la gravure est réduite à rester sombre. Le relief dans la gravure donne le noir, alors que la lumière vient du creux. Un système de vide et de pleins qui permet au noir de donner à voir ce qui se passe dans la blancheur.


La manière noire, ce sont aussi les mots imprimés dans un livre, le moment de la pensée. L'écriture entaille des instantanés qui s'articulent.


"La Manière Noire, c'est une manière de graver, le fond est noir mais le trait est blanc [...] c'est la partie que je vois du monde d'aujourd'hui. Celle où je marine et l'air autour. C'est un état de choses (p. 126-127).

4 ème de couverture : "La Manière noire " est la vie d'un écrivain nommé Faubourg, à Paris, à la fin du mois d'octobre 1968, entre six heures du soir un certain jour, et l'aube de la nuit suivante. Entre l'action réelle et l'action évoquée, le roman se situe dans les lieux les plus divers de la vie et de la mémoire. Raison pour laquelle on y trouve : une grande réception politique à l'hôtel George V ; d'innombrables et authentiques chauffeurs de taxi ; une nuit d'amour en compagnie de femmes en matière plastique ; la manifestation de la gare de Lyon au printemps de 68 ; les peintres  et leur atelier ; l'histoire d'un homme qui veut assumer sa mort, et d'une fille de joie nommée Hortense ; une "réunion oppositionnelle informelle"....


La manière noire, c'est la vie (phrase qui revient constamment dans le roman),  celle faite de tous les contrastes simultanés.


L'image de l'architecture (nouvelle manière) traverse le roman de Parmelin : rupture avec le traditionnel plan horizontal pour l'habitat oblique. il est mentionné la revue Architecture Principe de Claude Parent et Paul Virilio. (cf réforme de l'architecture de l'école des Beaux-Arts) mais également la peinture  avec Pignon bien sûr, Picasso et Orazio Orazi),  la musique contemporaine (allusion à l'enamu, Jean Dupuy et son choeur de six coeurs, Bernard Parmegiani)
Les films qui sortent à l'époque ne sont pas oubliés : Rosemary babiesLoin du vietnam, le film argentin L'Heure des Brasiers.


C'est aussi une peinture des contradictions au sein du milieu intellectuel progressiste des années 68.

Hélène Parmelin, La Manière noire, éd Bourgois, 1970