Les demeures sont : la littérature, la politique, la peinture, la guerre, les droits de l'homme...

"Je touche à tout parce que tout se tient" Claude Roy

mercredi 16 avril 2014

"Libérez les communistes"

En 1979, paraît chez Stock, le livre d'Hélène Parmelin, "Libérez les communistes".

Extrait du prière d'insérer du livre ou quatrième couverture :
"Ce témoignage pamphlétaire, traversé d'irruptions de mémoire est pour Hélène Parmelin "un acte communiste" contre les "socialismes" qui n'en sont pas, pour un socialisme dans la liberté. Par ce livre cri et néanmoins construit selon une logique éclairante, elle apporte à la littérature politique une dimension inconnue."

En épigraphe, deux citations :
l'une de Gramsci : "il faut... attirer violemment l'attention sur le présent tel qu'il est si l'on veut le transformer"
l'autre de Maïakovski : "Déserter la vie n'est pas difficile. Commander la vie demande plus d'efforts".



Un livre chronique où trente-cinq années de militantisme sont passées au crible d'une réflexion critique sur le stalinisme - sous et après Staline - et qui vient à quelques semaines de l'ouverture du XXIIIe  congrès du Parti communiste français du 9 au 13 mai 1979.

 "Chaque fois que l’Histoire nous donne tort,  nous nous voilons la face pour l’admettre longtemps après,  d’une voix si étouffée et avec tant de circonlocutions que,  loin de se dissoudre,  notre culpabilité s’engraisse de l’exiguïté de sa constatation." (p. 10)
"On dit : les expériences des autres ne servent à rien. C'est faux ! À partir du moment où on se carambole sur les mêmes pièges, les expériences doivent apprendre à servir. Mes camarades communistes au contraire, au lieu de mettre les yeux des hommes nouveaux en face de leur propre expérience, aident à l'effacer doucement. Le stalinisme ? mais c'est le passé, voyons." (p. 50)
"Les intellectuels ne prennent pas la parole "pour la classe ouvrière". Ils ne s'en donneraient ni le droit ni la menteuse facilité" (p.165)
"Quand les communistes français s'apercevront-ils que la nourriture ingurgitée de force se vomit ?" (p. 219)
"La société bourgeoise n'opprime pas la liberté de création elle-même. Elle enlève physiquement et intellectuellement la possibilité d'en bénéficier aux couches de la population réduite par le travail et le temps à n'accéder qu'aux "détentes" offertes à domicile par la société de consommation" (p. 244)
"Ainsi, les communistes en France, selon Hélène Parmelin, obéissent au réflexe commandé par un présent tout en passé. Elle porte, de ce fait, un regard sans indulgence, voire cruel, sur ses compagnons d’infortune, lorsqu’elle se demande quand donc les communistes français se débarrasseront-ils de leur effroyable manie pédagogique : « Si les communistes voyaient errer des bateaux fantômes [...], grands paquebots cassés ou barques naufragées, demanderaient-ils aux passagers s’ils fuient un pays “socialiste” ou capitaliste avant de les aider ? Et s’ils fuient un pays capitaliste, quelles sont leurs opinions politiques ? Et s’ils sont de gauche, de quelle gauche ?... » (p. 221). En définitive, cette intellectuelle met le doigt sur le mécanisme communiste de raisonnement : un stalinisme de méthode et de comportement. (Djamel Mermat , docteur en sciences politiques, CERAPS-CNRS, université de Lille II)
"Nous demandons le brassage des idées et leur retour à une définition conforme au communisme. Nous demandons que le communisme français s'abreuve aux sources du peuple. Et non ailleurs. Nous demandons un examen général du passé. Et des comptes pour ses victimes, même pour celles qui ont cessé depuis longtemps de s'en soucier" (p. 321).
Un livre lucide pour l'époque. Hélène Parmelin quitte le Parti communiste en 1980.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire