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"Je touche à tout parce que tout se tient" Claude Roy

lundi 31 juillet 2017

Secrets d'alcôve d'un atelier




Philippe Bouchet, historien d'art traite des rapports de travail entre Edouard Pignon et Picasso.

"Depuis la dernière guerre, il [Picasso] appréciait la compagnie du peintre Edouard Pignon. Au cours de son séjour à Vallauris, alors qu'il travaillait près de Picasso dans la vieille fabrique de parfums, Pignon se rappelle être parti un jour en laissant une étude inachevée pour un tableau représentant une mère avec son enfant. Pendant son absence, Picasso entra et peignit une autre version du sujet dans le même style et la laissa sur un chevalet. Après son départ, arrivèrent des amis qui cherchaient Pignon, et ils furent enthousiasmés par cette peinture toute récente. Rencontrant Pignon peu après, ils le félicitèrent chaleureusement et le peintre leur répondit innocemment que c'était juste une petite étude sans importance. Ce n'est qu'en revenant à l'atelier que tous comprirent ce qui s'était passé. Le nouveau Pignon était en fait un Picasso.
L'entente grandit entre le peintre flegmatique et bonhomme qui s'était évadé du pays minier du nord de la France et l'andalou insondable et volcanique. Pignon est un peintre de talent et un excellent causeur ; sa connaissance des arts est vaste et ses goûts bien arrêtés. Tandis qu'il parlait dans le langage des peintres de ses dernières intentions concernant son œuvre, Picasso l'écoutait attentivement et l'interrompait tout à coup pour lancer des idées qui suscitaient en même temps intérêt et étonnement. Pignon s'efforçait d'expliquer ses motifs avec clarté, tandis que Picasso parlait toujours par métaphores sans aucune idée de justification"

Roland Penrose "Picasso", ed Flammarion-p.486




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