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"Je touche à tout parce que tout se tient" Claude Roy

samedi 27 novembre 2010

"Léonard dans l'autre monde" 2

Le salaire de la peur


Léonard enquête pour comprendre ce qui a provoqué la dépression de sa belle-sœur. 
Cette recherche n'est qu'un prétexte pour faire connaissance avec le monde des mines.
Hélène Parmelin n'effectue pas un reportage, c'est un roman avec des descriptions, des conversations. Durant les bavardages avec l'un et avec l'autre, sont évoqués le quotidien du mineur avec la silicose, les coups de grisou, les grèves, la peur et la mort omniprésente. Le vocabulaire  est précis : gayette, puteur, bowette, haveuse, foudroyage, porions et galipots parsèment le récit. Les femmes ne sont pas oubliées : elles vivent avec la peur de la mort, dans les corons sans aucune intimité (la description de la belle-sœur alitée avec la famille, les enfants, les voisins qui entrent et sortent de sa chambre comme dans un moulin est assez représentative). Hélène Parmelin démontre subtilement que si la condition des mineurs est difficile, celle de leur femme ne l'est pas moins. Ces dernières sont pourtant très souvent oubliées. 
"Tu sais, Léonard, une femme de mineurs est toujours seule du matin au soir, surtout quand les enfants sont grands. Avec tout le travail que j'ai, je m'ennuie. Je trouve encore le moyen de m'ennuyer. Ici quand t'es allé au cinéma une fois la semaine, même si les jeunes y vont deux fois, une le samedi et une le dimanche, qu'est-ce que tu peux faire ? Y a rien, c'est le désert.[...] Une fois marié, le mineur s'échine encore plus et la femme s'enterre encore plus [...] la vie c'est quand même plus varié que ça ... "(p. 96-97)
et aussi :
"J'ai toujours pardonné tout, moi, la brutalité, les coups, les grossièretés. Et j'ai tout gardé pour moi car mon amour-propre était en jeu..."
Il n'est pas anodin de remarquer que des prénoms de femmes sont données aux tailles par les mineurs. 


Le mineur aux yeux bleus  Edouard Pignon

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